L'hiver est atypique en provence cette année. mais quel bonheur de voir la neige sous les pieds comme si la montagne s'invitait dans les petits villages provençaux.

Pour voir ce panorama confortablement, il suffit de cliquer sur la première photo. Pour passer aux suivantes appuyez tout simplement sur la flèche droite du clavier de l'ordi. Si vous n'êtes pas dans la page du post, vous ne pourrez pas voir toutes les photos(clic sur le titre nécessaire)

• paru sur Leravi le 30/12/09

La provence sans ses crèches perderait de sa couleur; c'est une tradition bien établie en provence.

Le santon (du provençal "santoun", c'est-à-dire "petit saint"), est riche d'une longue histoire qui plonge ses racines aux premiers temps chrétiens.

Une opinion bien ancrée veut que la crèche soit un acte d'amour franciscain ; que ce soit François d'Assise lui-même qui, le premier, ait fait une crèche vivante à Greccio : celle que Giotto a prise comme sujet d'une de ses plus belles fresques. Comme on le sait, la mère de François était de Beaucaire.

En 1806, des santonniers de Provence ont créé la foire aux crèches de Marseille. C'est la figuration des petites gens du peuple de Provence dans l'initiation au grand mystère de Noël.

Aux personnages bibliques traditionnels de la scène de la nativité (Joseph, Marie, Jésus, l'ange, les rois mages) sont venus s'ajouter une foule de figurines représentant le petit peuple provençal du 19ème siecle. D'autres sont apparus également, issus de la littérature locale (Les Pastorales, A.Daudet, F.Mistral, ...) Chacun de ces personnages présente des caractères (et une histoire) bien à lui.

Voici les principaux :

Les bergers:

Leur science est celle de la nature, ils connaissent les plantes, lisent dans les étoiles et sont souvent des poètes et des guérisseurs. Ils symbolisent la sagesse et ce seront les premiers à entendre l'appel vers la crèche. Les bergers ("pastre" en provençal), sont à l'origine du mot "pastorale". Ils sont représentés sous diverses formes: vieux, appuyés sur un bâton ou à genoux, jeunes, portant un agneau sur les épaules.

Fouque a innové en créant un modèle qui a fait sa notoriété: un vieux berger luttant contre le mistral, s'agrippant à son chapeau, le manteau qui s'envole

le ravi:

C'est un personnage touchant, toujours émerveillé, qui prête un peu à rire avec ses bras levés et son air ahuri. Ce n'est pas le "fada" mais l'innocent du village..... il est en extase, transporté par un bonheur simple. Le Ravi peut être accompagné de sa femme la" Ravido" et de son valet "l'Etonné". Ce dernier apparait souvent, se penchant à la fenêtre (c'est alors un demi-santon), une lanterne ou une bougie à la main.

L'aveugle et son fils

Ces deux personnages sont tirés de la Pastorale. L'aveugle est représenté avec l'un de ses deux fils. L'autre, l'aîné, lui aurait été enlevé par les gitans. Devant un tel malheur, il pleura tant qu'il en perdit la vue (on peut trouver ici le symbole de celui qui ne voit pas Dieu). Un miracle de Noël lui rendra la vue et lui fera retrouver son fils ainé

Lou bouniam:

Visage basané, barbu aux yeux de braise, portant chapeau noir, cape et taillole rouge sang, botté et coutelas à la ceinture, il est le voleur d'enfants (c'est lui qui a kidnappé le fils aîné de l'aveugle). Ce marginal inquiétant, toujours en quête de mauvais coups, se réjouit de cette belle nuit propice aux forfaits. Représentant les gens du voyage, c'est un personnage très provençal en référence au pèlerinage biannuel des Saintes-Maries-de-la-Mer où il vient adorer Sarah la noire. A la fin de la Pastorale et par un miracle de Noël, il se repentira et obtiendra le pardon de l'aveugle

L'arlésienne:

Héroïne, toujours invisible, d'une nouvelle d'Alphonse Daudet (1872), qui raconte l'histoire de Jan, tombé fou amoureux d'une petite Arlésienne, toute en velours et en dentelles, qu'il avait rencontrée sur la lice d'Arles.

A la fin du repas de fiancailles, auquel la belle n'a pas assisté, Jan et sa famille apprennent par un ancien amant que c'est en fait une "coquine". Le chagrin amoureux est tel, malgré tout ses efforts pour oublier, qu'un beau matin, il se jette dans le vide, du haut de son grenier. Ce matin-là, les gens du village entendent les cris d'une mère, nue, couverte de rosée et de sang, se lamentant avec son enfant mort sur ses bras.

le rémouleur:

en provençal "l'Amoulaïre", il porte chapeau et tablier de cuir, et aiguise sur sa meule couteaux et ciseaux. Trogne enluminée et regard egrillard, il est trés porté sur la bouteille. Une gourde pend immanquablement au bras de sa meule qu'il pousse en zigzagant. Toujours par monts et par vaux, il se contente de très peu. C'est un personnage gai à qui on emplit la gourde de vin en guise de paiement. Apres Nöel, il sera guéri par miracle de son penchant pour la boisson

le meunier:

Tout de blanc vêtu, taillole rouge et bonnet, il porte sur l'épaule un sac de farine, ou est juché sur un âne. On le voit généralement placé dans la crèche près d'un moulin à vent (inspiré le plus souvent du moulin de Daudet à Fontvieille) dont les ailes sont animées par le mistral

Vincent et Mireille:

Ils sont les héros malheureux d'un poème célèbre de Frédéric Mistral (1859).

Mireille (Miréio, en provençal) raconte l'idylle tragique de Vincent, pauvre ouvrier vannier, et de Mireille, fille de Ramon, un riche paysan de la Crau qui s'oppose à leur union.

Jaloux de Vincent, Ourrias, le brutal toucheur de bestiaux, le blesse gravement d'un coup de trident.

Informée par son amie, Mireille se précipite sous le soleil brûlant vers le sanctuaire des Saintes-Maries, pour y offrir tout ce qu'elle possède afin que Vincent guérisse. Terrassée par un coup de soleil, elle s'affaisse et meurt dans les bras de Vincent.

Pistachié et Bartoumieux:

Dans la pastorale Maurel, Pistachié (comme Bartoumièu, dans la pastorale Audibert) est un garçon de ferme un peu simplet. Il apparaît chargé de deux énormes paniers remplis de victuailles et, en particulier, d'une pompe à huile (aussi appelée "fougasse") et d'une morue sèche. Dans l'histoire de la Pastorale, il a vendu son ombre au Boumian. Affolé, se croyant poursuivi par le diable, il tombera dans le puits. L'alerte aussitôt donnée, tout le monde se relaiera pour sortir l'innocent de son mauvais trou. On le verra souvent en compagnie de Jigèt le bégue, l'autre valet de ferme .. qui sera guéri de son défaut par un des miracles de Noël.

Il y en a beaucoup d'autres...

Et si ce thème vous intéresse et que vous vous sentez devenir accro, je vous conseille la visite de ce très beau site qui fourmille d'informations et vous mettra en liaison avec ce monde passionnés.